L’enjeu sécuritaire est au cœur des préoccupations des gouvernants. Il est du devoir de l’autorité politique avisée de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour créer des conditions maximales garantissant la sécurité individuelle et collective. Il en va de même pour la sécurité des institutions.
Les corps de défense et de sécurité, institutions d’exécution de la politique nationale en matière de défense et de sécurité, sont des piliers de la défense et la sécurité du pays. Ces corps ont la lourde et noble tâche de veiller à ce que la sécurité ne soit pas compromise par le comportement des uns et des autres.
La décision qui vient d’être portée au public par la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB) interdisant formellement les civils de porter des tenues ressemblant à celles des militaires et des policiers est une prise de précautions nécessaires face à un phénomène qui avait déjà pris une grande ampleur. Ces derniers temps, des civils se sont mis à acheter et porter des tenues qui ressemblent à celles des militaires et à celles des policiers. Ces tenues sont vendues par les commerçants de friperies. En effet dans ces friperies, se trouvent souvent des tenues militaires et policières d’occasion ayant appartenu à d’autres armées. On vend également des tenues neuves qui ressemblent à celles des militaires et des policiers. Bien plus, il a été aussi remarqué que certaines personnes mettaient des tenues qui n’étaient plus utilisées dans les corps de défense et de sécurité. Ce port de tenues militaires et policières a soulevé des critiques et commentaires de la part des citoyens et peu à peu des inquiétudes ont émergé. Les préoccupations sécuritaires également.
Il apparaît nettement que le port de ces tenues crée des confusions au niveau de la distinction entre les membres des corps de défense et de sécurité et des civils en tenues militaires ou policières. Ce fait constitue une source d’insécurité dans notre pays, étant donné que les groupes terroristes peuvent utiliser les mêmes tenues et s’infiltrer dans la population pour commettre des actes de terrorisme et d’autres formes d’insécurité. Cela est d’autant plus vrai que la région dont le Burundi fait partie a encore des groupes armés dont le mode opératoire n’est pas différent de celui des terroristes.
On reconnaîtra que la tendance à vouloir porter les effets militaires, tenues, bottines, béret n’est pas nouvelle, mais dans le passé était plutôt marginal et de ce fait facilement maîtrisable. Aujourd’hui plus qu’hier, on est en face d’une tout autre réalité car ce phénomène est recrudescent. Laisser les formes d’insécurité s’enraciner alors que les moyens d’endiguer leur émergence sont à notre portée s’accompagnerait des conséquences non voulues. Donc, toutes les mesures doivent être prises pour apporter une réponse rapide à cette problématique préoccupante.
Le sens du point de presse animé par le porte-parole de la FDNB le 4 septembre 2023 appelant les civils à remettre aux unités militaires les tenues militaires et policières ne saurait nous échapper. Il s’agit clairement de prendre des précautions pour éviter des éventualités d’actes générateurs d’insécurité auxquels notre pays ne manquerait pas d’être confronté au cas où on restait dans l’inaction. Tout citoyen digne de son nom devrait comprendre que cette action est mise en œuvre pour son intérêt et celui de la nation tout entière. Cela étant, la remise volontaire des tenues militaires et policières devrait être privilégiée plutôt que d’attendre que la coercition soit utilisée.